Et wé, min z'aminches, ca fait un bail... que voulez vous, j'en ai pas l'air mais j'ai bien la chanson du travail, et le rythme effrené des gens qui aiment leur taf.
En clair: po'l'temps, euh'm'sieur !
Vous savez quoi ? j'habitions Paris, min't'nan. Ouais, ce gros tas de pollution où s'entassent les élites intellectuelles et les sommités de bêtise politique, ainsi que quelques millions de mes cons citoyens.
Le pire ? J'habite même pas dans Paris ! (pas fou non ? pour payer un cagibi le prix d'une vie de salaire d'un député ougandais, même corrompu ?)
Nan, c'est pisse que tout: j'habite à Sarkoland.
Vous savez ce que cé-ti quoi ? En langage officiel, on appelle çà: les Hauts de Seine (à prononcer "lé O d'sènn" le "O" devant être bien appuyé pour montrer la supériorité des tribus vivants là)
Et sans rire: c'est bien le pays le plus riche de France ! Et c'est bien le pays le plus supérieur de France... Enfin, du moins, ces habitants en sont persuadés. Surtout quand ils y sont...
C'est à dire que, bon, vous prenez un 92, comme çà, vous le mettez dans Paris, dans Sète ou bien dans MontCuq, c'est un crétin comme un autre. Il vous fera à peu près autant de conneries au volant, de phrases racistes ordinaires, de poncifs cappilo-tractés météorologiques (comprendre: des banalités sur le soleil et la pluie comme en colportent les coiffeurs) qu'un autre.
Ensuite, mettez le dans son environnement naturel. Là, transmutencon ! D'un coup, sa voiture devient un gros 4x4, ses vitres se teintent, son insigne Leon se transmute en insigne Merckel (Renault en Mercédès, rhololo), son front devient national, même s'il est le petit fils de Khadafi, sa femme devient moche et complètement Bardot, et les traces de connaissances du code de la route ainsi que les rares poussières résiduelles d'humanité ou de bonhommie disparaissent, submerdées par un raz de marée déferlant tout droit, ou plutôt devrais je dire: tout droite.
Ca nous donne ceci:
Une de ces quatres nuits où je me levais pour aller nourrir de mes connaissances techno-sondées les cerveaux des futures générations d'intermiteux de l'audiovisuel et du pestacle, (oui, je me lève à 6h, et c'est la NUIT, c'est INHUMAIN de faire se lever des gens la nuit, càd avant 14h du matin, au moins !) je vais tranquillement vers ce joli lycée qui m'accueille depuis quelques temps (pour mon plus grand bonheur, si si, y'a même pas de blague ni de vanne, là).
Je venais de jouer à cache-cache avec mon rasoir, pressé par le fait que j'allais subir une inspection. Après l'avoir traqué, capturé, s'en est suivie une bataille épique épique et colle les grammes de crème pour masquer les plaies, sinon ratatam la gueule du jojo devant le pecteur.
Parti en avance de 20 mins (par rapport à mes 30 mins de retard habituelles) pour parcourir les 2km qui me séparent de ce lieu de joie où je dispense technologie et coups de pieds mentaux au cul des cerveaux coincés dans leurs éducations médiatiques (et donc, au petit écran), de mes étudiants nian nian, je tente d'éviter la horde de retardés mentaux et d'attardés horaires maizhélas, maizhélas... carrefour. feu vert. démarrage. priorité pour moi mais gros con s'en fout: il n'a pas l'habitude qu'on lui résiste dans son 'ros 4x4 avec un parebuffle capable de résister aux assault de toute la panzermenschaft et les choeurs de l'armée rouge réunis !
Persuadé que l'orange à roues devant lui va se presser de se juter du milieu (ouais, ma titine est orange et mes couilles sur vos nez), il enfonce le citron. La banane turgescente et le melon rempli d'images de puissance et de virilité fantasmée, il s'élance comme une tomate dans une réunion du parti socialiste.
Bah ouais mais moi, pauvre pomme, au petit matin, comme je suis dans mon bon droit, je ne fais pas plus attention que çà: je suis encore à moitié endormi et surtout, bien plus pré occupé par le pecteur qui va p't'etre m'exploser la rondelle (d'ananas) que par les risques de faire une ratatouille avec la tomate trop mure dans son cageot chromé à pneus gominés.
et donc, pang. il m'emplâtre allégrement et joyeusement. Je tente un jet de sauvegarde pour ne pas sortir de la bagnole dans une rage qui suffirait à inspirer à Kassovitz un deuxième volet de La Haine. Réussi: je lance mon téléphone sur le numéro d'un collègue afin de prévenir que je vais avoir du retard. Dans le même mouvement, je cherche un exemplaire de constat dans mon bordel (ouais c'est le bordel mais c'est mon bordel et dans mon bordel, moi je m'y retrouve, et donc, subséquemment et par conséquence, mes hémorroïdes sur vos oreilles). Je ne percute qu'avec un instant de décalage que l'Ayrton Senna des Hauts de Seine a ouvert sa portière et sort de son tank pour pédales ploutocrates. Il fait les trois pas qui nous séparent et commence à tambouriner sur ma portière en me jetant des insultes (qui feraient pâlir un dictateur africain) comme quoi, "qu'est ce que tu fous au milieu", qu'il "faut regarder où tu va, connard".
Je me dis "tiens, je sens comme une légère animosité à mon égard". Je remercie mon collègue de bien vouloir transmettre à qui de droit mon retard et que je dois m'occuper d'un chien qui semble vouloir finir écrasé sur le bitûme.
Je suis dans mon bon droit et il va essuyer ma bonne gauche, si ca y va comme ca.
Alors, ca nous fait à peu près comme le paki en carton (voir épisode précédent)... Je sors de ma caisse et là, pine d'huitre sent sa banane se recroqueviller au fond de son calbut en poil de moumoute et finir en olive jaune. Bah oui, toto, t'avais vu que les cheveux longs et les lunettes, tu t'es dit "encore un hippie" ou bien "encore une gonzesse" (ce qui est, pour ce genre de personnage, à peu près la même chose) sauf que le hippie femelle fait une bonne tête de plus que toi et que re-zut, un petit quintal environ (même si c'est essentiellement du gras, personne est allé le lui dire) sur le rable, ca peut être douloureux.
D'un coup, dans la plus pure tradition de la grenouille qui tente de ressembler au boeuf, toto tente de rassembler ses arguments et son courage (pas à deux mains, vu le bestiau, une cuillère à café suffit largement) pour tenter de m'intimider à coup de procès et de "je devrais te péter la tronche" alternés.
Profitant de mon allonge et pour éviter de l'être (allongé), je le tiens à distance calmement. On sait jamais, c'est pas que j'ai peur des caniches mais j'ai aucune envie de me faire mordre: j'ai pas mon vaccin antirabique à jour (non, c'est pas un vaccin spécial hamas, anti rabbin, je le dis pour les QI de moule et les étudiants en histoire de l'art qui pourraient s'égarer ici)
Je note que malgré ses invectives, pas de passage à l'acte... (bah évidemment, une nouille reste une nouille..) J'ai personnellement aucune envie de violence: j'ai ni le temps, ni le luxe de me pointer avec un bleu (ou pire, n'étant pas plus Bruce Lee qu'il y a six mois) devant l'inspecteur. Finalement, je montre un croc: "agrroooooo" et là, la baudruche crève (un ballon qui éclate rien qu'en voyant une épingle, sans la toucher, vous avez déjà vu çà , vous ?): pas de permis (retiré depuis des lustres) et pas d'assurance (persona non grata, même aux assurances de l'armée américaine, depuis des lustres derechef).
"- mais je peux payer les réparations !
- t'a combien sur toi ?
- 400 euros...
- en liquide ??" (y'a qu'ici qu'on voit des gens avec une telle somme dans leur bagnole)
Bah j'ai gagné 400 euros.
(et une aile pétée...)
Je pourrais vous raconter aussi une chose que je n'ai fait que voir... dans le même registre.
En bref: la pseudo racaille du coin tente de marquer son territoire en faisant pipi sur une autre voiture qui lui a piqué une place dans l'embouteillage. Pas de bol: y'a pseudo racaille mais de niveau 2 (chaussette !) dans la bagnole, armée d'une matraque télescopique. Vous avez déjà vu ces poisssons qui vous regardent arriver de face et dès que vous approchez la main, s'en vont super vite en slalomant entre les rochers ? Bah pareil mais enre les voitures... Très drole.
Ca c'est fini avec une course poursuite entre les deux caisses en plein embouteillage. Si Si. Que je roule en contresens pour l'une et sur le trottoir pour l'autre, sur plusieurs centaines de mètres... Je vous le donne en mille: c'était rue Dailly, à Saint Cloud.
Ceux qui connaissent le coin apprécieront le sel de la chose: c'est là qu'est le Commissariat !!
Dois je préciser qu'aucun keuf en vue n'a tiqué ?
Bah vi, c'était l'heure de l'apéro, pardiiiii !
Résumons: si quelqu'un vous cède le passage ou fait acte de civilité dans le 92 au volant, ne vous trompez pas: il n'habite pas le département !
Rah, ouais, je suis pas drôle sur la fin, je sais.
P.S: précisons que Boulogne, bien que dans le 92, échappe relativement à cette attitude... C'est que c'est quasiment un arrondissement de Paris, en fait. La frontière c'est le Pont de Saint Cloud à l'ouest et le bois au nord...
dimanche 22 février 2009
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